mercredi 21 octobre 2009

Un jour non- glorieux

Comprenons nous bien. Nous n'avons pas dit non à l'amour, ni à la tendresse, ni au couple, ni au fait d'appeler un autre humain "mon roudoudou au miel".
La seule chose qui nous chiffonne vraiment, c'est de se sentir obligée d'aller avec un gugusse - ou une gugussette - parce qu'être en couple, c'est "normal". Tant pis si on n'aime pas vraiment, ou pire, si on n'aime qu'à moitié.
Une de mes copines m'a avoué récemment qu'au début de leur relation, elle n'était pas amoureuse de son petit ami. Mais elle parlait déjà de passer toute sa vie avec! Et elle avait conclu par un sublime: "non mais tu vois, l'amour, ça s'apprend".
C'est probablement ce que toutes les mères ont dit à leur fille avant un mariage arrangé. Mais elle a l'air heureuse comme ça, elle se bricole un petit bonheur quotidien et au fond, je me vois mal la critiquer là dessus. Est-ce que ma vie est meilleure que la sienne, est-ce que je suis plus heureuse, plus épanouie? Peut être plus libre, mais est-ce que c'est vraiment ça qui compte?
L'année dernière une de mes camarades de fac avec qui je me suis vraiment liée m'a emmenée à plusieurs reprises dans son bar gay préféré. Elle, sa théorie, c'est que si je préfère un Fuck Friend à une relation de couple, c'est parce qu'en vrai, je suis lesbienne, comme elle. C'est d'ailleurs au cours de l'une de ses soirées que j'ai décidé que la vie était trop courte pour se priver de la moitié de l'humanité, j'étais saoule mais j'avais au moins compris une chose, c'est que j'étais bisexuelle.
Toujours est-il que je suis quand même revenue à mon copain de lit - qui se trouve être vraiment un gentil garçon, le style à annuler un cours pour venir me voir ou me demander de l'aide pour un commentaire de latin avec l'air de me prendre pour un petit génie - et nous profitons du début d'année, avant que nos concours respectifs ruine dans quelques mois le peu de vie sociale qu'on avait réussi à conserver.
Hier, j'ai eu un coup de fil d'un ami qu'il n'y a pas si longtemps j'appelais "mon meilleur ami". Comme il a toujours tendance à m'évoquer sa vie sexuelle dans les détails, en me faisant sentir à quel point je suis nulle de ne pas avoir une vie de couple aussi géniale que la sienne, je lui lance à mots couverts que le week end que j'ai passé était une pure merveille.
Un peu comme ce gros balourd dans un épisode de Spin City qui s'amenait en disant: "au fait, vous ne le savez pas encore, mais hier, j'ai couché" avec un sourire béat.
Sauf que moi c'était mieux dit.
Et là, silence au téléphone. Apparemment, je venais de dire une énormité, puisque Monsieur Normalité ne répondait rien. Et moi, quand on ne me répond pas quand je parle, ça me perturbe énormément. Donc je bafouille, j'essaie de meubler, et je finis par dire un truc qui ressemble à:
"Je parle assez peu du fait d'avoir un Fuck Friend à mes copines parce qu'elles sont encore fraîches et innocentes, et donc c'est pas...
- Non pis tu n'en parles pas parce que ce n'est pas très glorieux..."

Vous connaissez cette sensation de se prendre une hache dans le coeur?

Pas glorieux? Donc, honteux? Parce que je ne suis pas comme tout le monde? Parce que je préfère un chevalier baisant à l'image du couple modèle? Mais si je me référais à lui, incapable d'être fidèle à sa copine, se repaissant de détails glauques, ne pouvant s'empêcher de me dire qu'il aimait cracher sur sa copine, tout ça parce qu'il l'a vu faire dans un film porno, c'est ça, quelque chose de "glorieux", c'est de ça dont on peut retirer sa fierté, et pas d'autre chose?
Non, je ne marche pas.
Le lendemain, j'ai fait mon coming-out, à mes copines les plus proches, même à celles que je pensais les plus coincées, et même à mon cousin qui a trois ans de moins que moi et que j'ai choppé sur msn. Je suis bisexuelle. J'ai fait un câlin à une fille que je ne connaissais que depuis quelques heures. S. n'est pas un copain comme un autre, c'est mon copain de lit. Je n'aurais pas de relation de couple avant un moment pour des raisons que je ne m'explique pas.

Comme quoi, on connaît mal les gens. Celui en qui je faisais le plus confiance m'a quasiment traitée comme une anormale, et celles qui devaient ne pas me comprendre, eh bien...
"Non mais ça je m'en doutais que S. n'étais pas un simple pote pour toi."
"Oui, et alors?"
"Tu m'emmèneras dans un bar gay? J'ai peur toute seule..."
"Bon, copain de lit ou pas, tu me le présentes quand, S. Non parce qu'à force d'en entendre parler... Mais noooooooooon je lui dirais pas que tu m'as diiiiiiiit !!!!"
"Si c'est à cause de lui que tu n'as pas voulu sortir dimanche dernier, je ne te pardonnerais jamais... A moins que tu fasses des muffins dans un avenir proche."
"Des lesbiennes? Où ça? où ça? où ça????
"Je te rappelle quand même que c'est ta vie, Charlotte, tu en fais ce que tu veux... Et moi aussi je veux des muffins"

Alors désormais, Chacha va faire un grand trait séparant "les relations qui me jugent" des "relations qui ne me jugent pas et me prennent comme je suis", et arrêter de se prendre la tête avec les corniauds.
Et maintenant je vous laisse, j'ai du muffin à préparer.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

la vie est dure pour les filles en soif de liberté...
perso j'en parle sans complexe lorsque le sujet vient sur le tapis, ça permet, même si les gens ne comprennent pas, de les faire réfléchir un peu...