jeudi 18 septembre 2008

Ouverture de la Chasse.

S'il y a bien une chose pour laquelle j'apprécie particulièrement mon célibat, il s'agit très certainement de la liberté d'observation - que dis-je, d'espionnage, voir même de traque - de la gent masculine que ce statut me procure.
Non pas qu'on ne puisse pas mettre en oeuvre ce genre de pratique en ayant basculé du mauvais côté (entendez: en étant déjà en couple). Mais tout de même. Le célibat a cet avantage incontestable d'épargner tout éventuel sentiment de culpabilité ou sens du devoir, aussi absurdes soient-ils, par rapport à celui que l'on appelle (sic) sa moitié.
A partir de là, tout devient plus simple. On peut alors s'adonner à des formes variées de pratiques tantôt innocentes, tantôt franchement animales - souvent stupides - visant à repérer, juger, sélectionner, critiquer ces messieurs. En tant que solitaires sentimentales, tout, absolument tout nous est permis: les gens, déjà tellement désolés pour nous de nous voir errer ainsi sans notre morceau complémentaire, n'osent plus rien dire; dénigrer un couple est tellement plus simple :) ...
Avant de vous lancer dans cette pratique jouissive, il vous suffit simplement de trouver une partenaire de chasse, qui vous accompagnera dans votre battue. Choisissez la célibataire (cela va de soi, on ne pactise pas avec l'ennemi), assez jolie (histoire de pouvoir étendre vos critiques acerbes sans pour autant risquer l'incident diplomatique, du genre "AAAH! Regarde le moche là bas comme il est moche, avec son nez crochu et ses spots plein la face! ..... Comment ça tu en as plus que lui? Mais nooooo... Ah. Bon... Euh. ) et surtout, très important, plus ou moins dans le même trip que vous. Ben oui, c'est plus marrant quand on est d'accord, on va toujours plus facilement vers un objectif commun que si l'une a un faible pour les skateurs en Vans et bonnet, alors que l'autre bave devant les intellectuels en bermuda-polo-chaussures bateau.

Voilà, vous êtes prête. A partir de là, tout est simplissime, puisque n'importe quel endroit un tant soit peu fréquenté peut faire l'affaire, bien que tous les lieux ne se valent pas. En effet, d'après mon expérience, si l'on souhaite croiser de charmants spécimens, on peut directement rayer de la carte l'Université Joseph Fourier de Grenoble; en revanche on se dirigera sans crainte vers le concert hype du moment, du genre les Babyshambles: ceux qui y assistent essayent tous plus ou moins de s'inspirer de ce charmant Mr Doherty, ce qui, à mon sens, ne peut être que positif. Sauf pour le chapeau, parce qu'on commence vraiment à en voir trop, et ça devient banal, à la longue. Bref.

Et là c'est bon, on peut lâcher les chevaux, ENJOY quoi! Donnez libre cours à votre imagination, réveillez tour à tour votre coté animal / cynique / observateur / stupide / intransigeant / hypocrite / jeune fille en fleur pour jauger ces messieurs qui s'offrent inconsciemment à votre regard aiguisé. Moquez vous, bavez, hurlez, couinez, piaillez, jacassez, faites vous plaisir, en somme.

Et, pour terminer sur une note pratique, voici un petit florilège de situations partagées (le plus souvent) à la fac avec mon inséparable acolyte, qui en plus de répondre à tous les critères précédents est également dôtée d'un sens de l'humour illimité, ce qui est un bonus particulièrement appréciable. Bref:

[Accoudées à une rembarde surplombant le couloir principal de la fac, heure de pointe]
- Moche.
- Moche.
- Pire que moche.
- Ouais.
- Moche!
- Mooooche!
- Aaah? Aaaaah? AAAAAH? .... Bwaaaaah, nan, moche, en fait.
- Moche! Moche! Remoche!
- Ffff. C'est vraiment la dêche cette fac. Bon sang, ils auraient quand même pu s'arranger pour qu'il y ait au moins 2 ou 3 types à notre niveau.
- Tssss. 'Sont tous médiocres. ME-DI-O-CRES.

[En haut de l'amphi, soupirant de désespoir face à cette mare de gens ennuyeusement inesthétiques assis à nos pieds]
- Ffff.
- Ouais. FFFFF.
[Arrive par la porte du bas un type dont la coupe de cheveux pourrait suggérer une hypothétique supériorité esthétique]
(Bonds simultanés, nos deux sièges se relèvent dans un grand CLAC qui réveille tout l'amphi, mais qu'à cela ne tienne, c'est pour la bonne cause.)
- Ooooh regarde le comme il est chou lui!
- Ouiiiiiiii! Oooh oui-oui-oui-oui-ouiii! Regarde moi cette petite boubouille!
- Arf. Et ses cils. SES CILS, BON SANG. Regarde SES CILS! On dirait des balais-brosses tellement ils sont longs. AAAh Mon Dieu, je bave. Il est tellement so cute!
- Bon, il est blond. J'aime pas les blonds, mais quand même. Il nous sauve, là.
- Aaaah oui. Je propose qu'on l'appelle Romain: blond, cheveux mi-longs, beaux yeux et bouille d'ange... un parfait snowboarder.
- Tu as raison. Les beaux snowboarders s'appelent tous Romain. Et je ne connais pas un seul Romain qui ne soit pas beau. Va pour Romain.
[Le néo-baptisé Romain sera suivi et espionné pendant les 4 semaines suivantes (au minimum), le but étant de tout connaître sur lui: nom, filière, groupe de TD, lieu de résidence, etc.... On n'ira jamais le voir, c'est juste pour la jouissance de savoir des trucs sur lui.
Ces semaines seront par ailleurs ponctuées d'échanges de sms entre les deux comparses, du genre "AhAhAh! Romain est dans mon groupe pour l'UE de Pharmacologie. Avoue que t'es dégoutée de pas avoir pris ça." etc, etc.]

[Ou encore, après la rentrée]
- Alors, bien ou bien?
- Arf. M'en parle pas. Pas UN SEUL type potable. Jveux changer de groupe, c'est décidé.
- Aaah. Dans le mien yen a UN, mais tu verrais son sourire... gniark. Non seulement il est beau, mais en plus il a l'air intelligent. Et pour couronner le tout, il est brun. Ca y est, JE L'AIME.

Enfin, on envoie/reçoit régulièrement des sms du genre:
"Spotted: Gorgeous neighbour, dark-haired, green-eyed, Chapeau Melon et Bottes de Cuir, OMG HE'S SO HOOOTTTTT - xoxo, Gossip Girl."



Vous l'aurez compris, on peut devenir très rapidement accro au jeu. Toute confrontation, de près ou de loin, avec un type un tantinet choupinet donne inévitablement lieu à la procédure d'observation / critique / enregistrement. La seconde d'après, on se dit que vraiment on abuse, que c'est n'importe quoi et complètement puéril. Puis on se tourne vers son acolyte, et on lit immédiatement dans ses yeux qu'elle vient d'opérer exactement le même processus de chasse. Et, après avoir échangé nos jugements respectifs, on tombe d'accord sur le fait que ce genre de truc est absolument génial, et qu'on va poursuivre dans cette voie.




Ceci étant dit, vous voyez bien qu'à partir du moment où l'on appartient au club des célibataires, il n'y a plus aucun besoin de réprimer ses pensées, aussi primaires ou superficielles soient-elles. Lâchez-vous, faites vous plaisir.
Tout est permis ;)

4 commentaires:

Audrey a dit…

Très bon ça : j'ai fait pareil, et je continue. Comme les mecs quoi, on matte, on chasse. Me souviens d'avoir fait un peu ça, avec Nath, devant la Gare de Lille. On aurait dit 2 mecs :D
(Hihi je me marre)

Khuete a dit…

c'est exactement ça!c'est marrant comme on fait toutes la même chose! je me demande juste si ce genre de délire peut aussi atteindre les mecs... :)

Nath a dit…

Ah bah oui, devant la gare de Lille, ce fut mémorable :D Je passe ma vie à observer les gens, c'est tellement impressionnant comme on peut parfois deviner la vie des gens rien qu'en les regardant dans le tram ou le bus...

Chacha a dit…

Je l'ai fait en cours y a pas longtemps avec deux copines... Eh ben c'était désespérant de voir que sur un amphi blindé de facile deux cent personnes, on en aurait gardé une dizaine. Et encore, juste parce qu'on était pas d'accord sur les critères esthétiques.