dimanche 28 septembre 2008

Say no more

Comment vous dire? Cette fille, je la connais depuis mes dix sept ans, elle était venue vers moi, super gentille "ça te dirait qu'on fasse connaissance?", et on l'avait fait.
On a fait nos années de prépa ensemble, dans une des plus dures qui soit. Autant dire qu'on a fait le Viet Nam.
Evidemment, c'était pas des circonstances de folie pour draguer, sortir, aimer. Même la pratique de l'onanisme voyant son temps bouffé par la nécessité de "faire une fiche".
Mais comme nous étions toutes logées à la même enseigne, on se remontait le moral, on oubliait de se coiffer, de s'habiller autrement que comme des sacs, on oubliait de prendre soin de nous, personne ne faisait la moindre remarque, ce n'était pas grave, on prenait chacune dix kilos, peu importe, en avant, puisque de toute façon, on était tellement belles à l'intérieur...
Il fallut bien qu'on en sorte. Lorsque nous nous retrouvâmes à la fac, défonçant tout en partiel avec une facilité déconcertante, nous ouvrîmes de nouveau les yeux sur le monde, chose que nous n'avions pas faites depuis le lycée.
Et nous avons redécouvert les caractéristiques essentielles de la vie à notre âge: boire un café après les cours, se regarder dans un miroir avant de sortir, ne pas pleurer cinq heures après avoir raté quelque chose.
Et bien sûr, comme nous n'étions pas de bois, nous avons redécouvert les plaisirs physiques.
Moi, à cause d'une vie chaotique et d'un père inconséquent, je me suis rabattue sur ce que ma modo d'amour appelle des FF, des F*ck Friend, merci ma loutre, je savais pas que ça s'appelait comme ça.
Elle, est tombée dans des amourettes à l'eau de rose dont j'aurais eu honte au collège.
Quoiqu'il arrive, comme elle ne trouvait pas ce qu'elle voulait, pour lui remonter le moral, je lui promettais que si à trente ans elle n'avait pas ce qu'elle voulait, à savoir un mec, je me ferais greffer une bite, et je la demanderais en mariage. Et bien sûr, je garderais mes nichons sous globe.
Jusqu'à ce qu'un jour, je reçoive un coup de fil.
"Chacha, ça y est, j'ai enfin un petit ami!" braillé triomphalement.
Elle était si contente, mais pas la joie d'avoir trouvé son âme soeur, non, elle était juste contente d'avoir ENFIN un petit ami, comme on a ENFIN son permis, ou qu'on a ENFIN reçu son film érotique par la poste.
Légèrement désespérée, je cachais ma tristesse et ma colère sous des "je suis trop heureuse pour toi".
C'est vrai, que j'étais heureuse pour elle. Sincèrement. Mais elle n'aurait pas dû présenter la chose comme ça. Elle a tout gâché.
J'ai quand même accepté de la retrouver à la fac, pour discuter de cet évènement merveilleux qui avait changé le cours de son existence, repeint le ciel en rose, mis fin à la guerre dans le monde et ressucité Janis Joplin.
Je suis arrivée à la fac au pas de charge, comme toujours quand j'écoute AC/DC, et ouais j'écoutais AC/DC, comme toujours quand je pressens la crise de cafard.

Living easy, living free

Bref. Elle était là, le coeur débordant de joie. Elle me saute au cou, le coeur débordant de tendresse. Je l'ai embrassée avec la même chaleur que d'habitude. Elle était si gaie que j'en ai oublié mon mauvais pressentiment et j'ai même souri.

Et puis elle me la montré, de loin. Il traversait un couloir pour aller aux toilettes avant de nous rejoindre. D'autant que je pouvais en juger, il n'était pas vilain. Pas mon type, mais pas vilain.
Et là, elle me dit: "oui boh, c'est sûr, il est petit mais il est gentil avec moi"

J'en suis restée comme deux courges oubliées dans un champ un soir d'Halloween.
En me disant ça, elle était toute gênée, la tête baissée et tout.
Comme si elle devait se justifier de sortir avec lui! Comme si elle devait s'excuser de ce que son copain lui arrivait à l'épaule! Pour moi, ça voulait dire, en filigrane: "je sais qu'il est petit, mais j'ai trouvé que ça, et je reste avec, parce que j'en ai marre d'être célibataire".
J'ai essayé d'embrayer dans une autre direction.
"Tu as l'air toute contente!
- Ah oui dis donc, et puis il était temps hein, parce que être seule ce n'est pas génial."

Je n'ai rien répondu. Mais j'étais triste. Elle vit avec lui, maintenant. Ils se sont installés ensemble. Et elle me dit encore que ce n'est pas grave s'il est petit. Qu'elle ne regrette pas.


Et qu'est-ce qui va se passer, quand elle va voir la vérité en face, à savoir qu'elle vit avec quelqu'un qu'elle n'aime pas vraiment, juste parce que ça ne se fait pas d'être seule? Parce qu'elle est incapable de vivre par elle-même?

I don't want to hear it anymore.

4 commentaires:

Khuete a dit…

c'est triste , pour lui comme pour elle.
Mais peut etre que finalement ils sont bien ensemble? vraiment heureux je veux dire (ou comme ces couples mariés qui au bout de 20 ans de mariage vivent plus comme des amis parce que c'est comme ça et qu'il faut bien faire avec)

Pauline a dit…

Ce genre d'histoire me déprime.
C'est si courant, pourtant...
Vive le célibat =)

Chacha a dit…

Pis je vous raconte pas le merdier quand elle va vraiment tomber amoureuse... Elle ne est capable en plus cette patate.

Anonyme a dit…

c'est aussi ballot pour le mec quand même